Thérapie de l’alcoolisme féminin

Alcoolisme féminin : réponse de la Sophrologie

Alcoolisme féminin et sophrologie - Théodore Yves NASSE - Paris

Alcoolisme féminin et sophrologie – Théodore Yves NASSE – Paris

Dans mon dernier article sur les drogues dures comme l’héroïne, je notais que de tout temps les hommes et les femmes ont eu recours pour diverses raisons aux stimulants : Alcool, Aphrodisiaques, Drogues, Médicaments, Cocktails Multiformes et Fantasmatiques les plus Complexes.
De ce quintette infernal le plus ancien est alcool, le sang de la vigne.
 L’alcool sera donc le sujet de mon article.

En effet, l’alcoolisme féminin existe bel et bien de nos jours et touche toutes les couches de la population, sans distinction de classe.

C’est à partir d’une étude de cas que je fonde mes propres observations :

  • Pourquoi devient-on alcoolique ?
  • Quel objet substitutif représente-t-il ?
  • Serait-ce une fidélité accolée à la boisson en un enlacement indestructible et mortel ?
  • Ou bien, l’acte de boire tiendrait-il lieu d’épreuve de la réalité ?

C’est tout le problème de la relation entre décharge motrice et satisfaction hallucinatoire, la grande problématique chez l’alcoolique dépendant étant une trop grande différence de symbolisation de la vie vécue et de la vie fantasmatique.

L’alcool-objet ( mère-père) euphorisant donne, pour quelque instant, l’internet endorphisant de l’autoroute des neurones de l’information.

L’alcool chasseur et chassant l’angoisse. L’alcool fuite, alcool dopant, alcool suicide.

Cette maladie ressemble donc à une attitude de refuge dans la satisfaction objet-alcool par le clivage du moi chez certains malades.

 Mais le caractère essentiel de l’alcoolisme féminin est d’être un alcoolisme caché.

Cette clandestinité referme le cercle vicieux de l’abandon et de la solitude secrète de l’âme.

Les agents stresseurs sont partout ; ce que cherche l’alcoolique, par tous les moyens et surtout sans demander de l’aide et dans un temps record, c’est diminuer ses stress qui deviennent insupportables.
Il est certain qu’il veut faire baisser le spectre de la mémoire immédiate et ne plus penser.
La malade cherche à dormir sans faire aucun rêve, et surtout dormir le plus longtemps possible croyant qu’au réveil le monde sera différent, qu’elle sera enfin libre de penser sans stress, sans aucune anxiété, retrouvant son narcissisme, et faisant disparaître sa dépression, retrouvant ainsi les mécanismes de défenses contre le désir de mourir et les traumatismes infantiles.

Pour moi l’alcoolique féminin est une déprimée, présentant une dépression avec perte d’objet, manifestant une souffrance mentale infinie qui aboutit à la faillite du comportement psychologique.
C’est la naissance de la descente dans l’obscurité de la névrose alcoolique qui laisse une sensation d’inachèvement, de morcellement même.
Les interrogations, les embarras, les contradictions les plus fécondes ressemblent à un véritable défi à la mort lente.

L’alcoolisme est une maladie de dépendance de l’être au néant.

Cette drogue psychotrope la plus vieille du monde devient donc un moyen très facile d’échapper momentanément à l’angoisse existentielle : qui suis-je ?

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Clin d’œil à la mythologie : évocation de la divinité du vin et de l’ivresse

 

La version la plus connue de la naissance de Dionysos est la suivante :

dionysos

Elle raconte comment Zeus, sous l’apparence d’un mortel, séduisit Sémélé, la fille de Cadmos, fondateur de Thèbes.

Lorsque la femme de Zeus, Héra, apprit que Sémélé était enceinte, elle prit la forme de la vieille nourrice de Sémélé, Béroé et sous ce déguisement, elle fit avouer à Sémélé le nom de son amant, mais lorsqu’elle entendit le nom de Zeus, elle s’esclaffa et refusa de croire à cette absurdité, à moins que Sémélé ne le prouvât, en persuadant le Dieu d’apparaître sous sa vraie forme.

Aussi Sémélé fit promettre à Zeus de lui accorder une faveur exceptionnelle, et quand celui-ci lui demanda quel était son désir, elle le pria de se montrer dans toute sa puissance, et sous sa forme véridique.

Zeus dut s’exécuter, mais Sémélé aveuglée par sa clarté, se consuma entièrement. 
Avant qu’elle n’expirât, Zeus délivra son divin enfant qu’elle portait dans son ventre. Zeus premier  « Père-porteur » de la science, fit une entaille dans sa cuisse droite, y plaça l’enfant et referma la cavité.

Deux mois plus tard, il s’ouvrit de nouveau et donna naissance à Dionysos (dieu du vin) ou dieu divin.

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Vous voilà arrivés au seuil de notre débat : Quelle drogue ? Quelle mère ? Quel père ? Que sais-je ? Pourquoi suis-je si faible ? Qui suis-je vraiment ?

L’alcoolique est un nourrisson qui recherche le sein ou le lait de sa mère en changeant l’objet de forme et de couleur, en cherchant quelque chose de plus fort pour calmer dans sa souffrance, sa propre relation d’angoisse existentielle comme pour se retrouver en relaxation générale dans le ventre de sa mère, sans angoisse, sans peur, et surtout sans rien décider.

L’alcoolique se réfugie dans l’inhibition de l’action, qui le caractérise, démesure totale dans cette maladie sans limite.

En général, chaque homme et chaque femme tendent à une seule chose, être heureux et le demeurer le plus longtemps possible.

En effet, le principe de plaisir détermine le but de la vie et gouverne dès l’origine les opérations de l’appareil psychique.

L’alcool thérapeutique de Freud s’appuie sur l’idée que les malades qui sont sujets aux crises maniaques font disparaître leurs affects douloureux par la capacité qu’ils ont d’une production endogène d’euphorie.

Il pense que le névrosé alcoolique qui se réfugie dans la boisson tente de compenser aussi la capacité endogène de produire de l’euphorie qui lui fait surtout défaut.

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L’alcool n’est pas à proprement parler à l’origine du symptôme, mais favorise seulement le surgissement d’un complexe déjà existant et fortement accentué sur le plan affectif.

Pour Hans Sachs la névrose interdit la jouissance et met à sa place un symptôme alors que la perversion s’accorde consciemment une jouissance qui est perverse par suite de la déviation d’une partie arrivée à un stade déjà très élaboré.

Malheureusement, l’alcoolisme est un film à petit budget, médiocre, en noir et blanc.
Dans ce film « Art et Décès » l’alcoolique cherche un passé dans un présent sous drogue, à la recherche d’un temps perdu.
A qui la faute ?
Comment soigner cette population de femmes difficiles ?

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En Sophrothérapie, nous injectons du langage maternel vivant

Hitchcock - Alcoolisme au féminin - Théodore Nassé - ParisL’alcoolisme est un film destructeur à bon marché, sans fil conducteur et beaucoup trop long, où les acteurs silencieux, abasourdis, répètent inlassablement un texte incompris.
La lourdeur des décors augmente l’angoisse, et les images accablent le déroulement de ce long métrage, pâle copie des chefs-d’oeuvre d’Hitchcock, sans présent ni futur et surtout sans avenir possible.

Alors, comment soigner cette population de femmes difficiles dans ce film hitchcockien où Les 39 marches semblent impossibles à gravir. Pourtant, nominé au festival de Cannes, il recevra sans aucun doute la Palme d’or du film le plus sordide. Couronnement de l’incohérence des dialogues sous anesthésie alcoolique complète, où tout se brouille, s’emmêle et s’entrecroise dans le ridicule et le néant d’un chemin qui mène nulle part.

Dans l’anxiété névrotique, si l’on privilégie le modèle extensif des troubles anxieux, l’attaque panique, le trouble obsessionnel compulsif et l’état de stress post-traumatique, sont donc des catégories regroupant les troubles anxieux que l’on retrouve chez certaines de nos patientes alcooliques flirtant à la limite de l’anxiété psychotique, marquée quant à elle par son intensité et sa brutalité, le passage à l’acte par auto-agressivité, mutilation suicidaire, est alors possible dans l’alcool.

Qui suis-je ? Que sais-je ? Le désir d’être un autre ou une autre femme, qui me ressemble, qui m’aime et me comprend.

Le thérapeute sophrologue doit parler à ce monde-là, celui que l’on ne peut comprendre simplement.
A l’écoute du patient, le sophrologue doit décrypter les mots et les paroles de cette femme qui souffre intérieurement et bascule lentement vers son remède pour tenter de résoudre un conflit trop intense.

Qui suis-je vraiment ?
 Je suis une femme ne pouvant accepter la routine, ayant besoin de changement, de prendre des chemins nouveaux pour me trouver face à moi-même, me surpasser.

Réfléchie et rigoureuse face à mes responsabilités, je vis la vie comme une épreuve sachant porter un regard neuf sur l’existence.
Dotée d’une profonde sensibilité, avec une acuité et un imaginaire des plus féconds, je suis passionnée et m’intéresse à divers domaines.

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Anticonformiste et généreuse, sachant être la meilleure des épouses et des mères, je me donne une très grande liberté.
Féconde et créative, je possède une perception des sens exceptionnelles.

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Femme intéressante croyez-vous !
Il y a cependant, une face cachée de mon être, celle que je vis en toute clandestinité : je suis dépendante et fidèle à l’alcool !

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Voilà la radioscopie de ce personnage complexe aux multiples facettes à qui nous devons tendre la main..

La cure de sophrothérapie, ne pourra se dérouler normalement que sur le principe de base indispensable de la reconnaissance par la malade de son intoxication, plaidant pour une réelle implication avec un désir fort de mettre fin à son comportement suicidaire, le sophrologue quant à lui dans ce drame du sujet alcoolique, devra combler le manque de référence aux structures paternelles œdipiennes, une problématique maternelle du contact, de la séparation.

Résumé :
Le caractère essentiel de l’alcoolisme féminin est d’être un alcoolisme caché.
Cette clandestinité referme le cercle vicieux de la solitude et de l’abandon.

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C’est la naissance de la descente dans l’obscurité de la névrose alcoolique qui laisse une sensation d’inachèvement, de morcellement même.
Les interrogations, les embarras, les contradictions les plus fécondes ressemblent à un véritable défi à la mort.

L’alcoolisme est une maladie de dépendance de l’être au néant.

Cette drogue psychotrope, la plus vieille du monde, devient un moyen facile d’échapper momentanément à l’angoisse existentielle ; elle lève les inhibitions et détruit les sublimations.

Le stress est une réponse naturelle de l’organisme pour faire face à un stimulus nouveau qui l’agresse.
Si l’on peut agir sur ce mauvais stress, cette agression physiologique et psychologique chez nos patientes, le stress va disparaître.
Le traitement doit se faire sur le principe de base indispensable d’une cure de sophrothérapie qui est la reconnaissance par le malade de son intoxication et le désir d’arrêter ce suicide.

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La thérapie doit se faire à trois : Le psy, La malade et L’autre alcoolique

Jadis les grandes cheminées d’antan, il y avait presque toujours une marmite à trois pieds en fonte de couleur noire :

  1. le premier pied représente pour moi le registre affectif
  2. le deuxième pied représente le registre sexuel
  3. le troisième pied le registre social et professionnel.

Aucun de ces trois pieds n’est dramatique en soi mais il peut déstabiliser l’équilibre de la pyramide psychique totale de ce patient.

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Comme je le rappelle en introduction, la grande problématique chez l’alcoolique dépendant est une trop grande différence entre le réel et l’imaginaire.

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Les mères des femmes alcooliques sont des femmes souvent déprimées, fragiles, absentes ou mortes.

La terreur de l’abandon de la mère pousse l’autre sujet, l’enfant, à vivre dans la crainte et la peur de la mort constante, de l’abandonnite aiguë, qui est pour moi la raison fondamentale de ce refuge dangereux que représente la dépendance « liquide » à cette drogue en vente libre.

Les agents stresseurs sont partout dans le corps et dans le cerveau, que la femme malade alcoolique ne cesse de chercher.

Désespérément, elle cherche à ne plus souffrir, à diminuer très vite ce stress destructeur, miroir de la mort.

Elle ne veut plus penser, elle cherche à s’endormir le plus vite possible, croyant qu’au réveil, 16 heures après un long voyage, invitée par le « marchand de sable spiritueux », elle se réveillera sans mémoire du passé, mémoire qui la ronge de l’intérieur et la détruit lentement aussi de l’extérieur.

Dans cette dépression proche de la mélancolie, il faudra en sophrologie stimuler ces patients plutôt que d’essayer de faire baisser le tonus et la stimulation, comme le font 95% des sophrologues pensant bien faire.

A ce sujet, je vous conseille de lire le livre de Mme Anne-Marie Raymond, sophrologue, qui explique de façon très claire, ces techniques de relaxation sophronique révolutionnaires pour les caycédiens orthodoxes.

L’alcool envahit peu à peu l’existence de la malade.
La mort rôde sans cesse dans les séances, avec un désir violent d’autodestruction lent, mais certain, accompagné d’une attitude d’échec compulsive, hyper-négative, où le thérapeute doit parler au côté de son être (à la patiente), de son côté du cerveau qui n’imprime plus les messages.

 

Par Théodore-Yves NASSÉ – Psychanalyste – Sophrologue – Psychologue clinicien